La Torah a ordonné de n’accomplir, le Chabbat, aucun travail créatif. En revanche, les actions qui n’ont pas d’effet créateur sont permises. Tel est le principe : les travaux que les enfants d’Israël durent accomplir afin d’ériger le tabernacle (cf. ci-dessus, chap. 19 § 1) sont ceux-là même qui comprennent un élément de création, et qu’il est interdit d’accomplir le Chabbat ; et les travaux qui n’étaient pas nécessaires pour ériger le tabernacle ne sont pas considérés comme importants, de sorte qu’il n’est pas interdit de les accomplir le Chabbat.
On peut trouver en cela une idée profonde : le but de l’homme créé à l’image de Dieu est de parachever le monde, jusqu’à ce que celui-ci tout entier constitue un sanctuaire pour la Présence divine (la Chékhina). À cette fin, il doit bâtir le tabernacle, sur lequel la Présence divine repose de manière manifeste et concentrée, et depuis lequel s’épandent la foi, la Torah et la bénédiction en direction de tout l’univers ; cela, jusqu’à ce que l’univers entier devienne un tabernacle pour les valeurs divines, et que tous les travaux, dans les champs ou les usines, dans la recherche scientifique, le commerce et les arts, concourent à améliorer le monde, à le réparer par la bonté et la vérité, la justice et la miséricorde. En d’autres termes, les travaux qui servirent à bâtir le tabernacle sont ceux par lesquels on répare le monde, et, malgré leur grande valeur, il nous a été ordonné de cesser de les accomplir le Chabbat, afin de prendre conscience de leur signification profonde. De même que Dieu créa le monde en six jours et chôma le septième, et que par cette cessation Il conféra un sens profond aux six jours de l’action, de même est-il ordonné aux enfants d’Israël de cesser tout travail le jour de Chabbat, afin d’être en mesure de comprendre et de faire leur la valeur intérieure de tous les travaux qu’ils accomplissent les jours de semaine.