Les obligations de l’homme envers son prochain

La mitsva de remontrance

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Si l’on voit que son prochain faute, par exemple s’il se laisse aller à tromper sa femme, ou à frauder dans son travail, ou à prendre part à une injuste querelle, c’est une mitsva que de le réprimander, par responsabilité et fraternité, afin de le sauvegarder de la faute. C’est à ce propos qu’il est dit : « Tu ne haïras pas ton frère en ton cœur ; aie soin de réprimander ton prochain, et tu ne porteras pas de faute à cause de lui. (…) Et tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis l’Éternel » (Lv 19, 17-18). La remontrance doit être dite avec amour, sans haine ni présomption. Par conséquent, celui qui réprimande son prochain doit préalablement préciser qu’il l’estime et l’affectionne ; ce n’est qu’ensuite qu’il le réprimandera modestement, avec attention et sensibilité – car le sujet est peut-être sensible, et peut-être s’est-on mépris soi-même en son jugement.

Toute remontrance a quelque chose de désagréable et de complexe. Malgré cela, tant qu’il y a une chance pour qu’elle soit entendue, c’est une mitsva que de la formuler. Il arrive que, par le biais de la remontrance, on sauve son prochain d’une grande souffrance, telle que la destruction de sa famille. Parfois, telle personne ne sait pas comment se conduire dans sa profession, et, si on ne lui faisait pas d’observations, elle risquerait de perdre son emploi, sans même savoir comment corriger ses voies. D’autres fois, tel homme n’a pas conscience de la mauvaise odeur que son corps répand, ou du caractère blessant de son expression, et il ne comprend pas pourquoi il n’a pas d’amis, ni pourquoi sa femme s’éloigne de lui. C’est alors une mitsva que de le reprendre, afin de concourir à son bien en ce monde et dans le monde futur.

Les sages ont enseigné que celui qui s’abstient de réprimander son prochain, quand il existe une chance d’influer sur lui, est considéré comme associé à sa faute, dans une certaine mesure. Et plus l’influence que l’on exerce sur son prochain est grande, plus grande est l’obligation qu’on a de le réprimander. Aussi, « dès lors qu’on peut protester auprès des membres de sa maisonnée et qu’on s’en abstient, on est puni pour les actes des membres de sa maisonnée ; si l’on s’abstient de protester contre les actes des gens de sa ville, alors qu’on le peut, on est puni pour les actes des gens de sa ville ; s’il s’agit des actes du monde entier, on est puni pour les actes du monde entier » (Chabbat 54b).