Les obligations de l’homme envers son prochain

Cas dans lesquels il est permis de dire des choses défavorables sur quelqu’un

2 minutes à lire

C’est une mitsva que de préserver son prochain d’un dommage ou d’un échec. Par conséquent, si l’on voit que des gens portent atteinte aux biens d’une autre personne, que ce soit volontairement ou involontairement, et qu’il apparaisse que les auteurs du dommage ne sont pas prêts, de leur propre initiative, à reconnaître le préjudice qu’ils ont causé et à en payer la réparation, c’est une mitsva que d’en avertir la personne dont les biens ont été atteints, afin qu’elle puisse leur réclamer réparation. Le principe, à cet égard, est le suivant : l’interdit de médisance est destiné à préserver autrui d’une souffrance gratuite, non à servir de bouclier aux pécheurs et aux auteurs de nuisances.

De même, si Ruben a l’intention de faire affaire avec untel, et qu’il demande à Simon si cette personne est digne de confiance, Simon a l’obligation, s’il sait qu’elle n’est pas digne de confiance, d’en informer Ruben afin de le préserver de tout préjudice. Néanmoins, on aura soin de ne pas exagérer sa critique, et si les faits défavorables ne sont pas certains, on insistera sur le fait qu’il ne s’agit que de craintes. On ne parlera pas non plus par haine, mais seulement pour préserver son prochain d’une erreur et d’un dommage. Quant à Ruben, qui a entendu le rapport défavorable de Simon, il devra remercier celui-ci d’avoir bien voulu lui prêter assistance ; cependant, tout à la fois, il lui sera interdit de croire que ces paroles sont pleine vérité. Car même l’homme le plus juste peut se tromper dans le jugement qu’il se fait de son prochain. De même, il se peut que, dans le passé, l’homme dont il est question ait en effet été un imposteur, mais qu’il s’en soit repenti depuis lors ; de sorte que, bien qu’en pratique on se voie contraint de ne pas faire affaire avec lui, de crainte de se trouver abusé, la relation fondamentale avec lui doit rester positive et respectueuse.

De même, s’agissant de personnalités publiques, qui se présentent à une élection : il est permis de rapporter à leur propos des faits véridiques, pour l’utilité du public, à la condition de présenter l’entier tableau, les défauts et les qualités du personnage, tout à la fois, sans exagérer la mention des défauts, et sans haine. Tout cela vaut quand le candidat est un homme ordinaire, qui est fondamentalement bon, comme le sont la majorité des gens, mais qu’il existe contre lui des reproches importants, en vertu desquels il se peut qu’il soit préférable de voter pour un autre candidat, meilleur que lui. Mais quand le candidat a choisi une mauvaise voie, par sa méconduite personnelle ou par haine envers tout ce qui est sacré pour nous, il est permis d’en parler de manière hostile, afin d’épargner aux autres de se fourvoyer à sa suite. Même alors, il est interdit de mentir et d’exagérer dans sa présentation des aspects négatifs.