Ici, nous en venons à un autre principe essentiel : la tsédaqa doit être donnée par une personne qui connaisse personnellement le pauvre en question, et les détails de sa situation. En effet, quand on donne de la tsédaqa à des gens dont on ne connaît pas la famille, le travail, le montant des dettes, l’état des comptes bancaires, il est à craindre que le don n’aille à des tricheurs, ou à des pauvres qui ne se conduisent pas honorablement – par exemple des parieurs invétérés, des personnes sous l’empire de la drogue, de l’alcool, ou simplement des gaspilleurs. Et celui qui donne de la tsédaqa à des pauvres qui ne sont point convenables n’accomplit pas en cela une mitsva, mais une faute (‘avéra).
Même quand la tsédaqa est donnée à des gens véritablement dans le besoin, il est à craindre, tant qu’on ne connaît pas bien ces personnes, qu’en pratique on aggrave leur détresse, car au lieu de les encourager à travailler, il se peut qu’on les habitue à préférer de l’argent facilement gagné, provenant de la tsédaqa. En réalité, le pauvre n’en tirerait pas d’avantage, s’abaisserait à ses propres yeux et aux yeux de sa famille ; il implanterait en ses enfants une tradition de paresse, et de manque de confiance en leur capacité à travailler et à se sustenter. Par conséquent, la voie qui convient, pour aider les pauvres, c’est de passer par l’intermédiaire d’administrateurs d’une caisse de tsédaqa, sages et responsables, qui sachent distinguer ce dont le pauvre a vraiment besoin, et qui comprennent comment on peut l’aider de la manière optimale. Et c’est de cette façon que l’aide sociale doit, en pratique, fonctionner dans le pays.