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- La foi, le peuple et la terre -

Faute du veau d’or et faute des explorateurs

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Faute du veau d’or et faute des explorateurs

Les deux fautes fondamentales de la génération du désert, celle qui reçut la Torah, furent celle du veau d’or – qui s’oppose à la pureté de la foi et de la Torah – et celle des explorateurs – qui s’oppose à la réalisation, au sein de la terre d’Israël, de la vision de la foi.

Après la révélation sinaïtique, Moïse notre maître fut appelé à monter sur le mont Sinaï pendant quarante jours et quarante nuits, afin d’y recevoir la Torah de la bouche de Dieu. Le jour que les enfants d’Israël pensèrent être le quarantième, ils attendirent que Moïse redescendît. Comme ils ne le voyaient pas revenir, ils exigèrent d’Aaron le prêtre de façonner une sculpture, censée représenter le Dieu qui les avait fait sortir d’Égypte. Aaron essaya de repousser leur requête, mais ils s’entêtèrent ; Aaron fit de toutes les boucles qu’ils apportaient un veau d’or, et repoussa au lendemain le temps des sacrifices au veau, en espérant que, entre-temps, Moïse redescendrait de la montagne. Cependant, Moïse ne revenait toujours pas, et le peuple commença à sacrifier au veau d’or et à faire un festin. Alors, une grande accusation commença, dans les cieux, à peser contre Israël, et Dieu se proposa de détruire tout le peuple, puis de le refonder par la descendance de Moïse notre maître. Quand enfin Moïse redescendit de la montagne, les tables de l’alliance entre les mains, et qu’il vit l’idole, sa colère s’enflamma : il jeta les tables de la loi et les brisa ; puis, il châtia les pécheurs, initia une œuvre de repentir et de réparation, et fit don de sa personne, par la prière, pour que le peuple d’Israël fût sauvé, jusqu’à ce que l’Éternel acceptât de pardonner au peuple et de ne point le détruire.

Environ un an après cela, à la demande du peuple, qui craignait la perspective de l’entrée sur la terre d’Israël, Moïse notre maître envoya des explorateurs (meraguelim) pour inspecter le pays. Quand les explorateurs revinrent de leur mission, ils médirent de la terre d’Israël et découragèrent le peuple, en lui disant que l’on ne pourrait pas conquérir le pays, parce que ses habitants étaient forts et gigantesques.

Alors toute l’assemblée se souleva en élevant la voix, et le peuple cria cette nuit-là [qui, nous apprennent les sages, était la nuit du 9 av]. Et tous les enfants d’Israël se plaignirent à Moïse et à Aaron, et toute l’assemblée leur dit : « Que ne sommes-nous morts au pays d’Égypte ou dans ce désert, que ne sommes-nous morts ! Et pourquoi l’Éternel nous amène-t-Il dans ce pays pour que nous y tombions par l’épée ? Nos femmes et nos enfants seront captifs ! N’est-il pas mieux pour nous de retourner en Égypte ? » Et ils se dirent l’un l’autre : « Donnons-nous un chef et retournons en Égypte » (Nb 14, 1-4).

À cause de la faute des explorateurs, il fut décrété que cette génération mourrait dans le désert ; seuls leurs enfants purent entrer sur la terre promise, sous la conduite de Josué, fils de Noun. Bien plus, le Saint béni soit-Il dit : « Vous avez versé cette nuit de vains pleurs ; Je fixerai pour vous des pleurs en vos générations [à pareille date] ; car si vous ne réparez pas la faute des explorateurs, le Temple sera détruit en ce jour. » Et puisque nous n’avons point mérité de réparer la faute des explorateurs en édifiant le pays, comme la Torah nous en instruit, les deux Temples furent détruits.

Ceux qui avaient pris part à la faute du veau d’or avaient foi en Dieu ; mais ils crurent que des forces intermédiaires étaient requises entre la divinité et eux. Puisqu’ils portèrent ainsi atteinte à la pureté de la foi et de la Torah, ils n’eurent pas la force de faire face aux explorateurs, qui retardèrent l’entrée dans le pays, méprisèrent la terre d’Israël et trahirent la promesse de la Torah. Et puisque le peuple d’Israël ne corrigea pas pleinement cette faute en s’attachant à la pureté de la foi et à sa réalisation en terre d’Israël, le premier Temple fut détruit le 9 av, de nombreuses générations plus tard. Puis le second Temple également fut détruit à cette date (cf. ci-après, chap. 37 § 4, au sujet du jeûne du 9 av, destiné à corriger cette faute).

Ainsi, dans toutes les générations, le peuple juif doit faire face à une épreuve, qui risque de conduire à une nouvelle « faute du veau d’or ». Car le monde change, et, en un instant, il semble que la conduite de la Torah échappe à notre perception, que personne n’est plus susceptible de nous l’expliquer, et qu’il faut donc se renforcer au moyen de quelque « veau d’or », que sont les idéologies étrangères, des coutumes piétistes exotiques, ou quelque ascétisme, qui détruisent le juste équilibre que prônent la foi juive et la Torah.

De même, en toute génération, nous devons faire face à des difficultés dans l’accomplissement de la mitsva d’édifier la terre d’Israël : ennemis qui se dressent contre nous à l’extérieur, difficultés intérieures. En d’autres termes, pour édifier la terre d’Israël, il faut appliquer tous les principes, tous les commandements, à la réalité naturelle, quelles que soient les difficultés de celle-ci. Certains prétendent que ces principes sont trop élevés, trop éloignés ou trop difficultueux, et que l’on ne saurait les appliquer. Nous devons donc corriger la faute des explorateurs et édifier la terre d’Israël selon les directives toraniques ; montrer comment le fait de marcher dans les chemins de Dieu est précisément ce qui construit le pays, avec une abondante bénédiction (cf. ci-après, chap. 17 § 14, où il est question de la « faute des explorateurs » dans les dernières générations).

La techouva et la délivrance d’Israël dépendent de la réparation de ces deux fautes : face à la faute du veau d’or, il faut purifier la foi et la Torah de toute scorie d’idolâtrie – comme nous l’avons vu dans ce chapitre, et comme nous le verrons au chapitre suivant, consacré à la Torah. Face à la faute des explorateurs, il faut s’attacher à réaliser la vocation d’Israël et de la Torah : édifier la terre d’Israël, révéler la Présence divine dans tous les domaines de l’existence, comme nous le verrons dans un prochain chapitre, consacré au peuple et à la terre.