Égalité dans la partition du pays
- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Le jubilé

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Le jubilé

Après que les terrains eurent été partagés entre tous les enfants d’Israël sur un pied d’égalité, ceux qui choisirent le bien travaillèrent avec assiduité dans leur champ, obtinrent un abondant produit et s’enrichirent. Ceux qui choisirent le mal se laissèrent entraîner par les passions et la paresse, délaissèrent leur champ et souffrirent de pénurie. S’ils ne se reprenaient pas, ne commençaient pas à travailler avec sérieux, ils se voyaient contraints, avec le temps, de vendre leur champ, leur maison. Par cela, ils obligeaient leur famille à une vie de privations, puisque le champ était le principal moyen de production. Mais Dieu, ayant pitié d’eux, et principalement des membres de leur famille, donna la mitsva du jubilé (yovel), par laquelle, une fois par cinquante ans, tous les champs qui avaient été vendus revenaient à leurs propriétaires initiaux. Si le vendeur du champ était mort dans l’intervalle, on rendait le champ à ses héritiers. De cette manière, l’épreuve de la pauvreté ne poursuivait pas les familles d’Israël pendant des générations ; tous les cinquante ans, chaque famille pouvait commencer une page nouvelle et sortir du cycle de la pauvreté1.

 

1 Esclavage et liberté : jadis, un homme qui était contraint de vendre son champ et ne se reprenait pas, de manière à travailler avec zèle en tant que salarié, s’enfonçait dans les dettes, jusqu’au moment où il ne lui restait plus que du pain à manger, et où il se trouvait contraint de se vendre lui-même comme esclave. Il arrivait aussi que des gens devinssent gravement pauvres à cause d’une catastrophe ou d’une maladie qui ne dépendait pas d’eux. Mais en général, quand l’état de la collectivité était normal, la mitsva de la tsédaqa (la bienfaisance) suffisait à les maintenir à flot, sans qu’ils eussent besoin de vendre leur héritage ou eux-mêmes. Cependant, il était difficile de secourir ceux qui se livraient à leurs passions et à la paresse. Car même après qu’on les avait aidés, ils continuaient de chuter. C’est ainsi qu’il arrivait qu’au sein du peuple d’Israël des gens vendissent leur champ et se vendissent eux-mêmes comme esclaves.

 

Il y a lieu de s’interroger ici : la valeur de la liberté repose sur l’image divine qui est en l’homme, et c’est là le grand principe qui fut révélé lors de la sortie d’Égypte. Comment donc la Torah peut-elle s’accorder avec l’institution de l’esclavage ? C’est ici l’occasion d’expliquer une importante notion. La Torah ne force pas l’homme à aller contre sa nature ; car la nature, avec tous ses manques, est une création divine, qui donne à l’homme le cadre dans lequel il peut s’améliorer et se parfaire. Aussi la Torah ne se mêle-t-elle pas des forces du marché économique, mais leur permet de déployer leur activité, tout en leur fixant une direction morale et des limites éthiques indiquant la voie à prendre pour qu’elles s’amendent et s’élèvent. Autrefois, dans les périodes de grave pénurie, les gens qui ne réussissaient pas à se sustenter, en raison de leur paresse ou de leur manque d’habileté, ou parce que leur terre avait été assujettie, seraient morts de faim sans l’institution du servage. Par le servage, ils survivaient, élevaient des descendants, qui sont aujourd’hui des hommes libres. Il arrivait  que ce fussent précisément des esclaves qui réussissaient à se maintenir, davantage que des hommes libres mais pauvres. Aussi la Torah n’a-t-elle pas interdit le servage ; mais elle lui fixé des limites morales. Par exemple, seul un homme qui avait vendu tous ses biens, et qui restait affamé, sans pain, était autorisé à se vendre comme esclave. Par conséquent, à une époque – comme la période contemporaine – où la société est capable de fournir de la nourriture aux pauvres pour que ceux-ci ne meurent pas de faim, il est interdit de maintenir l’institution de l’esclavage, et c’est une obligation que de l’annuler (cf. Pniné Halakha, Chevi’it Véyovel 10, 7-11 ; à cette date d’août 2022, cet ouvrage n’a pas encore paru en français).

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