Déroulement de la conversion Processus de conversion L’intention du candidat à la conversion Complexité du traitement des demandes de conversion
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Réception du joug des mitsvot

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Réception du joug des mitsvot

Le fondement de la conversation est que le prosélyte adopte la grande vision du peuple d’Israël, qui s’incarne dans la Torah et les mitsvot. Par conséquent, s’il dit ne pas être prêt à accomplir telle mitsva, on ne peut le convertir. Et si, malgré cela, le beit-din l’a converti, cette conversion est nulle. Aussi, une conversion prononcée dans un cadre réformisteb  ou conservateur (massorti) n’est pas une conversion valide, puisque la position de principe de ces mouvements est qu’il n’est plus nécessaire d’observer toutes les mitsvot léguées par la tradition d’Israël. Si donc un homme ainsi « converti » se marie avec une femme juive, et l’abandonne par la suite, la femme est autorisée à se remarier avec un Juif, sans qu’il soit besoin de recevoir un acte de divorce, comme la halakha y oblige en cas de rupture du lien matrimonial.

À l’inverse, quiconque a, conformément à la tradition d’Israël, pris sur soi le joug de la Torah et des mitsvot, même s’il ne connaît pas la majorité de ces dernières, est valablement converti, puisqu’il accepte par principe d’accomplir la Torah et les mitsvot. Bien plus, même si, au moment de la conversion, il craint de ne pas pouvoir accomplir toutes les mitsvot – car il craint que son mauvais penchant n’ait le dessus sur lui, ou que, à cause des contraintes de sa subsistance, il ne soit amené à travailler le Chabbat –, sa conversion est valable, puisque, par principe, il veut pratiquer les mitsvot. En revanche, s’il était certain que le candidat mentait au beit-din et qu’il n’eût pas l’intention de pratiquer les mitsvot, la conversion serait nulle.

La question qui se pose est de savoir quelle est la règle quand le candidat n’a pas l’intention de vivre comme une personne pratiquante, mais seulement traditionnalistec. Selon de nombreux décisionnaires, il ne faut pas le convertir, car on ne convertit que ceux qui s’engagent à prendre sur eux-mêmes l’ensemble des mitsvot, ce qui inclut la pratique du Chabbat comme la halakha le réglemente, la pureté familiale, l’alimentation cachère, les prières et les bénédictions. Toutefois, si le guer s’est engagé à observer toutes les mitsvot, et que le beit-din ait décidé de le convertir, puis qu’il se soit relâché après sa conversion, au point de ne plus observer la Torah et les mitsvot, son statut reste celui d’un Juif. Car de même qu’un Juif qui n’observe pas la Torah et les mitsvot reste juif, un prosélyte converti conformément à la halakha reste juif, même s’il cesse de pratiquer les commandements.

D’autres décisionnaires sont indulgents, et estiment que, même si le candidat a pour seule intention de vivre comme un Juif traditionnaliste, il y a lieu de l’accepter, dès lors que son approche fondamentale de la Torah et de toutes les mitsvot est positive. Premièrement, puisqu’il manifeste un intérêt pour la pratique des mitsvot, il y a des chances que, avec le temps, il observe toutes celles qui lui sont applicables. Deuxièmement, les mitsvot qu’il se propose d’accomplir sont, en elles-mêmes, très nombreuses, et indiquent une volonté véritable de s’agréger à la vocation du peuple d’Israël. Parmi ces mitsvot : celles qui régissent les relations de l’homme avec son prochain, la circoncision, le mariage, les lois relatives aux enterrements, au deuil, l’alimentation cachère. Et même s’il n’a pas l’intention d’observer toutes les règles du Chabbat, il prévoit au moins de ne pas travailler ce jour-là, de le marquer par l’allumage des veilleuses, le Qidouch, et de célébrer tous les jours de fête. S’il s’engage au sein de Tsahal, il accomplit toutes les mitsvot liées à l’édification du pays et à la protection du peuple d’Israël, dont les sages disent qu’elles équivalent, en importance, à l’ensemble des mitsvot de la Torah.

En pratique, de l’avis même des décisionnaires rigoureux, si le beit-din a décidé d’agir conformément à l’opinion indulgente et d’accueillir un tel prosélyte, sa conversion est valide.

 

b Libéral ou « reconstructionniste ».

c En Israël, on appelle traditionnaliste (massorati) une personne qui mange cachère, s’abstient de travailler le Chabbat sans pour autant en observer exactement les lois, se marie au sein de la communauté d’Israël, etc. Voir suite du corps de texte.