Il y a des gens de spiritualité et de religion qui, pour se préserver de l’asservissement aux désirs corporels et à l’argent, s’efforcent d’incliner vers l’autre extrême, de mépriser la matérialité de ce monde et de tendre vers la seule vérité spirituelle. Mais selon la foi d’Israël, tout importe : les côtés matériels et corporels eux-mêmes ont un rôle ; seulement, ils doivent servir d’instruments permettant aux valeurs spirituelles de se révéler, et non de but en soi. Pour que le peuple d’Israël pût comprendre cela, Dieu décréta que les enfants d’Israël seraient asservis à la riche nation égyptienne. Et tandis que les Égyptiens pensaient qu’ils exploitaient Israël, les enfants d’Israël croissaient et multipliaient parmi eux, au point de constituer une très nombreuse population. Bien plus, lorsqu’ils furent libérés d’Égypte, les enfants d’Israël sortirent « avec de grandes richesses » (Gn 15, 14), qu’ils reçurent comme contrepartie partielle du dur labeur qu’ils avaient accompli durant de longues années, et comme dédommagement relatif pour leurs terribles souffrances. Il advint ainsi que, finalement, la justice l’emporta, les valeurs morales qui avaient été déployées en Égypte servirent de base et de véhicule pour le dévoilement de la Présence divine (Chékhina), et les ustensiles d’or et d’argent que les Israélites avaient reçus des Égyptiens servirent de matériau pour la fondation du tabernacle et du sanctuaire.
