- Les obligations de l’homme envers son prochain -

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même », grand principe de la Torah

2 minutes à lire

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même », grand principe de la Torah

Deux mitsvot générales fondent les relations de l’homme avec son prochain. L’une est le commandement d’aimer tout Juif ; l’autre est l’interdit de haïr un Juif. Le fondement de ces commandements est que tous les enfants d’Israël sont comme une grande famille, au point que tous doivent se sentir frères les uns des autres. Il est dit en effet : « Tu ne haïras point ton frère en ton cœur. (…) Et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 17-18). Ces mitsvot sont le fondement de toute la Torah ; Rabbi Aqiba dit ainsi : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c’est un grand principe de la Torah. » Un enseignement proche nous est donné par Hillel l’ancien : un prosélyte demandait qu’on lui enseignât la Torah « pendant le temps qu’il pouvait se tenir sur un pied » ; Hillel répondit : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît ; telle est l’essence de la Torah, et le reste en est le détail. »

La majorité de la vie de l’homme est occupée par ses relations avec les membres de sa famille, ses amis et ses voisins ; dès lors, l’amour du prochain et l’abstention de sentiments haineux à son encontre sont les principes sur lesquels s’appuient la majorité des mitsvot que l’homme est amené à rencontrer dans son existence. Si ces principes conduisent sa vie, la conséquence en est que, pendant la majeure partie des heures qui lui sont données, l’homme accomplit des mitsvot. Bien plus : des obligations de l’homme envers son prochain dépendent également celles qu’il a envers son Dieu. En effet, un homme qui n’aime pas ses semblables et ne se garde pas de les faire souffrir est un homme préoccupé de soi seul, et plongé dans une bulle d’égoïsme, de sorte qu’il n’est pas capable de voir le monde tel qu’il est en vérité ; dès lors, il ne peut s’ouvrir à la foi en Dieu. Faire une percée, de l’égoïsme étroit vers les larges horizons de la foi, cela s’accomplit par le biais de l’amour, par lequel on s’identifie à son prochain, veut son bien, au même titre que l’on veut le bien de sa propre personne. Grâce à cela, on peut se relier à la vision du tiqoun, la réparation du monde, sous la conduite de la Torah et des mitsvot.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Sens de la mitsva d’amour du prochain

0,5 minutes à lire

Sens de la mitsva d’amour du prochain

En pratique, on ne saurait connaître tous ses frères juifs et exprimer à chacun d’eux son amour ; mais l’amour et la responsabilité envers le prochain s’étendent par cercles. Le cercle intérieur comprend les membres du couple ; autour de lui, viennent les parents au premier degré ; autour d’eux, les amis et les parents plus éloignés ; puis les camarades et les voisins, et ainsi de suite. Que signifie la mitsva générale « tu aimeras ton prochain comme toi-même », appliquée à tout Israël ? Que chacun éprouve un sentiment de fraternité envers tout Israël et, par principe, veuille le bien de tout Juif de même qu’il veut son propre bien. De même, si l’on rencontre un Juif dans la peine, et que l’on soit en mesure de l’aider, on l’aidera, comme on eût voulu être aidé soi-même si l’on se fût trouvé dans un cas semblable.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

L’honneur dû à l’homme, créé à l’image de Dieu

1 minutes à lire

L’honneur dû à l’homme, créé à l’image de Dieu

Selon Ben Azaï, il y a un principe plus grand que « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » : c’est l’honneur dû à l’homme, et sa responsabilité dans la pérennité et le parachèvement du monde. Cela provient de ce que l’homme fut créé à l’image de Dieu, comme il est dit : « Ceci est le livre des générations de l’homme, au jour où Dieu créa l’homme ; c’est à la ressemblance de Dieu qu’Il le créa » (Gn 5, 1). Il est dit, de même : « Dieu créa l’homme à son image, c’est à l’image de Dieu qu’Il le créa, mâle et femelle Il les créa » (Gn 1, 27).

Ce que signifie la notion d’image et de ressemblance divines, que l’Éternel créa en l’homme, c’est que l’homme est doté du libre arbitre ; et que, à la manière de Dieu – qui intervient au sein de la nature et de l’histoire –, l’homme peut changer sa situation et celle du monde, pour le bien ou pour le mal. Avantage supplémentaire de ce principe d’honneur et de responsabilité : il s’applique de manière égale à tous les humains, de toutes les nations.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Par les obligations de l’homme envers son prochain, se révèle la lumière divine dans le monde

1 minutes à lire

Par les obligations de l’homme envers son prochain, se révèle la lumière divine dans le monde

Malgré l’importance du principe d’honneur et de responsabilité, la position couramment admise, dans la pensée juive, est que le principe « tu aimeras ton prochain comme toi-même » importe plus encore, car il est davantage porteur d’obligations. Selon ce principe, il ne suffit pas de respecter son prochain, ni d’honorer sa responsabilité de choisir le bien ; il faut encore l’aimer et agir pour son bien. Bien plus, grâce à l’amour, l’homme surmonte l’obstacle de son propre égoïsme et a le mérite de dévoiler l’image divine qui est en lui. En effet, l’Éternel a créé l’homme et a insufflé en lui une âme divine ; cependant, pour que les hommes pussent être autonomes et choisir le bien, Dieu a caché sa lumière hors du monde. Lorsque j’établis avec mon prochain une relation basée sur l’amour, que je l’aide au temps de sa détresse, me réjouis avec lui au temps de sa joie, l’image divine qui réside en mon prochain se reflète en lui ; de manière corrélative, l’âme de mon prochain commence à rayonner, de sorte qu’il peut accéder à la foi et se relier à Dieu. Les mitsvot gouvernant la relation au prochain nous orientent à cette fin.

Outre le caractère autonome et particulier qui se révèle en chaque créature, un esprit de division, de compétition et de guerre a été créé entre les hommes. Le grand défi qui se présente aux hommes est de révéler l’unité intérieure qui les relie, et dont le fondement se trouve dans le Dieu unique, qui créa tout, et donne vie à tout ; et de montrer comment, par le biais de la foi, de l’amour et d’une juste collaboration, la bénédiction parvient à tous depuis sa source divine. La mitsva « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est la base de cela.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

L’interdit de faire honte à autrui

1 minutes à lire

L’interdit de faire honte à autrui

L’homme a été créé à l’image de Dieu. C’est pourquoi il faut l’honorer, et il est interdit de l’offenser, même s’il ne ressent pas l’offense et n’en a pas conscience, comme il est dit : « Tu ne maudiras point le sourd » (Lv 19, 14). En d’autres termes, il est interdit d’offenser quiconque, même celui qui n’entend pas et ne sait pas qu’on le dédaigne. Si l’on emploie des ouvriers, on doit aussi veiller à leur honneur : ne pas leur donner des tâches dégradantes, ni leur donner des ordres de manière orgueilleuse et humiliante. Quiconque voit ou entend que l’on offense autrui doit en être ébranlé, et ressentir cet affront comme s’il était adressé à lui-même. Les sages ont enseigné : celui qui lève la main sur son prochain pour le frapper, même s’il ne le frappe pas effectivement, est appelé méchant (racha’). Et celui qui gifle la joue d’autrui, c’est comme s’il giflait la Présence divine (la Chékhina).

En raison du respect dû à l’homme, c’est une mitsva que d’enterrer le mort au plus tôt, afin qu’il ne soit pas fait offense à son corps. Même les soldats ennemis, quand ils sont morts, ne sauraient être abandonnés : c’est une mitsva que de les enterrer honorablement (Ez 39, 13).

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

L’honneur dû à tout homme

0,5 minutes à lire

L’honneur dû à tout homme

Au titre de l’honneur qui revient à l’homme et à sa vie, il convient d’honorer les mères de famille nombreuse et les femmes enceintes, car une vie nouvelle se forme en leur sein. De même, au titre de l’honneur dû à l’homme, il y a lieu d’honorer ceux qui se distinguent dans leur domaine ; ainsi des sages, des scientifiques, des entrepreneurs, des artistes et de toutes les personnes semblables : chacun, avec ses talents, reflète la grandeur enfouie en l’homme ; et par leur honneur, c’est tout le genre humain qui s’honore. Et finalement c’est toute personne qu’il faut honorer, car chaque personne, créée à l’image de Dieu, est l’incarnation d’une personnalité unique, de ce qui est propre à elle seule.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Si l’on a été offensé par son prochain, il faut le réprimander

2 minutes à lire

Si l’on a été offensé par son prochain, il faut le réprimander

Si l’on a été humilié ou offensé par son prochain, c’est une mitsva que de le réprimander à ce propos. Cela, afin que la personne dont il s’agit comprenne que ses paroles ou ses actes ont été offensants, et que les deux protagonistes puissent rétablir entre eux de bonnes relations ; comme il est dit : « Tu ne haïras pas ton frère en ton cœur ; tu réprimanderas ton prochain, et tu ne porteras pas de faute à son propos… et tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis l’Éternel » (Lv 19, 17-18). Si l’on cache à son prochain l’affront que l’on éprouve, et qu’en son cœur on le haïsse, on transgresse l’interdit de la haine, et l’on manque à l’observance de la mitsva de remontrance, et à celle d’aimer son prochain.

Dans la mesure où le propos est de réparer le lien, et non de blâmer ni de s’enorgueillir, la réprimande doit être formulée de manière honorable, en ayant soin de ne pas causer à son prochain d’offense, ni de peine superflue. Parfois, il apparaît que la personne en question n’avait pas l’intention de blesser ni d’offenser quiconque ; après avoir appris que son attitude a offensé quelqu’un, elle demande pardon et a soin de ne plus se montrer offensante. Dès lors, il apparaît qu’il n’était pas besoin de se mettre en colère contre elle, mais seulement d’exprimer un reproche avec douceur et amour. Parfois, on s’aperçoit que le sentiment d’affront reposait sur une erreur ; et si l’un des deux protagonistes devait être vexé, ce serait plutôt à l’autre de l’être. Dans ces conditions, celui qui est venu le réprimander doit plutôt s’excuser de son erreur, et d’avoir gratuitement soupçonné son camarade. Aussi, celui qui adresse une réprimande à autrui doit-il la formuler d’une manière faisant part au doute (« il semblerait que… »), et être prêt à écouter la réponse de son prochain.

Même quand la personne offensée est sûre que sa réprimande n’aura pas d’utilité, parce que celui à qui elle est destinée a l’habitude constante de se conduire de façon grossière et d’offenser son entourage, c’est une mitsva que de le réprimander de manière honorable, car il existe toujours une chance que ces paroles pénètrent en son cœur. Et même s’il repousse la réprimande, il faut supposer que, si chaque personne offensée par lui s’adressait à lui à ce sujet, il améliorerait quelque peu sa conduite, avec le temps.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

« Tu ne te vengeras point, ni ne garderas rancune »

3 minutes à lire

« Tu ne te vengeras point, ni ne garderas rancune »

Quand on est offensé par son prochain, et que l’on s’abstient de lui en faire la réprimande, on risque de développer à son encontre un sentiment de haine, et de vouloir se venger de lui, ou tout au moins de lui garder rancune. C’est à ce propos que la Torah nous met en garde et ordonne : « Tu ne haïras pas ton frère en ton cœur ; aie soin de réprimander ton prochain, et tu ne porteras pas de faute à cause de lui. Tu ne te vengeras point, ni ne garderas rancune aux enfants de ton peuple, et tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis l’Éternel » (Lv 19, 17-18).

Qu’est-ce que la vengeance, qu’est-ce que la rancune que la Torah interdit ? Si Ruben demande à Simon de lui prêter son marteau et que Simon refuse ; que, le lendemain, Simon vienne demander à Ruben de lui prêter son tournevis ; et que Ruben dise à Simon : « Puisque hier tu ne m’as pas accordé le prêt du marteau, je ne te prêterai pas mon tournevis », Ruben enfreint l’interdit « Tu ne te vengeras point ». S’il dit à Simon : « Constate que je ne suis pas méchant comme toi ! Tu n’as pas voulu me prêter le marteau, mais moi j’ai pitié d’un misérable comme toi, aussi je te prêterai mon tournevis », il enfreint l’interdit « Tu ne garderas point rancune ». Nos sages ont enseigné : « À quoi cela ressemble-t-il ? À un homme qui marchait, dont le pied a chancelé, et qui est tombé, se blessant la main. Se peut-il que la main prenne un marteau pour briser la jambe afin de se venger de la blessure qu’elle lui a causée ? » Ainsi, tout Israël doit ressentir qu’il est une seule et même âme, partagée en différents membres ; aussi ne convient-il pas que, lorsque l’un des membres est blessé par tel autre, il lui rende sa blessure, ajoutant encore douleur et souffrance.

Que faut-il donc faire ? Le mieux est de réprimander son prochain avec affection et amitié, afin de prévenir la formation de quelque animosité entre lui et soi. Et il est préférable de faire cela avant que notre prochain n’ait besoin de nous demander un service, car, au moment où il aura besoin de notre service, la réprimande risque de l’offenser. Cependant, si, malgré la valeur de la mitsva de réprimande, on préfère s’abstenir de la formuler, soit parce que l’on est gêné de réprimander son prochain, soit parce que l’on craint que ladite réprimande n’envenime la situation, on aura l’obligation d’effacer l’affront de son cœur. En effet, dès lors que l’on ne réprimande pas son prochain, on n’a aucun droit d’être fâché envers lui. On est certes fondé à s’éloigner quelque peu de lui, afin de ne plus s’exposer à quelque autre vexation, mais il est interdit de se conduire envers lui de manière hostile, ou de l’ignorer. Si donc on le rencontre, on le saluera, et s’il nous demande quelque service, on l’aidera de bon cœur.

Grâce à l’observance de ces mitsvot, la majorité des disputes sont réfrénées, car même quand l’une des parties ne s’est pas comportée correctement, la dispute ne continue pas de se développer, dès lors que l’autre partie se garde de toute vengeance ou rancune. Celui qui surmonte son penchant au mal, et s’abstient de haïr les créatures, de se venger ou de garder rancune, a le mérite d’accéder à la vertu de modestie, qui lui permettra de regarder le monde avec bienveillance, de se réjouir de la vie, de diriger ses forces vers le développement de ses talents et de remplir son destin. De plus, on méritera d’avoir davantage d’amis, et moins d’ennemis.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Juger son prochain de manière indulgente

2 minutes à lire

Juger son prochain de manière indulgente

C’est une mitsva que de juger les autres de manière indulgente, comme il est dit : « C’est avec justice que tu jugeras ton prochain » (Lv 19, 15). Cela signifie que, lorsqu’il est possible d’expliquer les actes de notre prochain de façon positive ou négative, c’est une mitsva que de les expliquer de façon positive. En toute personne, il y a de bons et de mauvais côtés ; aussi, presque tout acte peut être considéré positivement ou négativement, la question étant de savoir ce qui est le principal. Par cette mitsva, la Torah nous enseigne que c’est le bien qui est le principal, parce que c’est à cela que l’homme aspire en vérité. De plus, en jugeant son prochain du côté du mérite (lekaf zekhout), l’homme modifie la réalité en l’orientant du côté du bien, car il encourage et renforce les côtés positifs qui sont en lui et en ses semblables.

Cela, à condition que l’interprétation positive de l’acte d’autrui soit vraisemblable. Mais s’il est difficile, selon la logique, d’expliquer l’acte ou la parole en question de façon positive, la mitsva de juger son prochain du côté du mérite ne s’applique pas. Cependant, quand il s’agit d’un homme juste, même s’il a fait un acte qu’il paraît difficile d’expliquer positivement, et dès lors que, d’une manière quelconque, on peut encore l’expliquer de façon positive, c’est une mitsva que de le juger du côté du mérite. C’est aussi ce à quoi la logique oblige, puisque l’acte apparemment mauvais contredit le caractère et les aspirations de cette personne. Et plus un homme est juste, plus la logique oblige à s’efforcer de le juger selon le mérite.

À l’inverse, quand il s’agit d’un homme mauvais, dans la mesure où il a choisi de faire le mal, il est juste d’interpréter ses actes négativement, même quand il reste possible de les interpréter positivement. Et bien que, parfois, en son cœur, le méchant lui-même aspire au bien, la logique oblige à considérer que ses actes tendent généralement vers le mal, puisque en pratique c’est le mal qu’il a choisi d’accomplir ; aussi ne convient-il pas de le juger du côté du mérite.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Médisance, calomnie et commérage

0,5 minutes à lire

Médisance, calomnie et commérage

Il est interdit de médire de son prochain. La médisance (lachon hara’) consiste à dire des choses vraies mais portant atteinte à la dignité d’une personne. Plus grave encore est l’interdit de calomnie (motsi chem ra’), c’est-à-dire le fait d’imputer à autrui des faits mensongers, portant atteinte à sa dignité. L’interdit de commérage (rekhilout) est d’un moindre degré de gravité que celui de la médisance. Il consiste à colporter des récits et des faits relatifs à la vie privée de son prochain. Même s’il n’y a pas, dans ce commérage, d’élément portant atteinte à la dignité du prochain, ce n’en est pas moins interdit, parce que cela porte atteinte à l’intimité de son prochain, lequel ne souhaite pas que l’on raconte des histoires et des faits relatifs à sa vie personnelle. Toutefois, il n’est pas interdit de raconter des faits publiquement connus, tant que ce n’est pas par esprit de moquerie ou de haine qu’on les dit.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Cas dans lesquels il est permis de dire des choses défavorables sur quelqu’un

2 minutes à lire

Cas dans lesquels il est permis de dire des choses défavorables sur quelqu’un

C’est une mitsva que de préserver son prochain d’un dommage ou d’un échec. Par conséquent, si l’on voit que des gens portent atteinte aux biens d’une autre personne, que ce soit volontairement ou involontairement, et qu’il apparaisse que les auteurs du dommage ne sont pas prêts, de leur propre initiative, à reconnaître le préjudice qu’ils ont causé et à en payer la réparation, c’est une mitsva que d’en avertir la personne dont les biens ont été atteints, afin qu’elle puisse leur réclamer réparation. Le principe, à cet égard, est le suivant : l’interdit de médisance est destiné à préserver autrui d’une souffrance gratuite, non à servir de bouclier aux pécheurs et aux auteurs de nuisances.

De même, si Ruben a l’intention de faire affaire avec untel, et qu’il demande à Simon si cette personne est digne de confiance, Simon a l’obligation, s’il sait qu’elle n’est pas digne de confiance, d’en informer Ruben afin de le préserver de tout préjudice. Néanmoins, on aura soin de ne pas exagérer sa critique, et si les faits défavorables ne sont pas certains, on insistera sur le fait qu’il ne s’agit que de craintes. On ne parlera pas non plus par haine, mais seulement pour préserver son prochain d’une erreur et d’un dommage. Quant à Ruben, qui a entendu le rapport défavorable de Simon, il devra remercier celui-ci d’avoir bien voulu lui prêter assistance ; cependant, tout à la fois, il lui sera interdit de croire que ces paroles sont pleine vérité. Car même l’homme le plus juste peut se tromper dans le jugement qu’il se fait de son prochain. De même, il se peut que, dans le passé, l’homme dont il est question ait en effet été un imposteur, mais qu’il s’en soit repenti depuis lors ; de sorte que, bien qu’en pratique on se voie contraint de ne pas faire affaire avec lui, de crainte de se trouver abusé, la relation fondamentale avec lui doit rester positive et respectueuse.

De même, s’agissant de personnalités publiques, qui se présentent à une élection : il est permis de rapporter à leur propos des faits véridiques, pour l’utilité du public, à la condition de présenter l’entier tableau, les défauts et les qualités du personnage, tout à la fois, sans exagérer la mention des défauts, et sans haine. Tout cela vaut quand le candidat est un homme ordinaire, qui est fondamentalement bon, comme le sont la majorité des gens, mais qu’il existe contre lui des reproches importants, en vertu desquels il se peut qu’il soit préférable de voter pour un autre candidat, meilleur que lui. Mais quand le candidat a choisi une mauvaise voie, par sa méconduite personnelle ou par haine envers tout ce qui est sacré pour nous, il est permis d’en parler de manière hostile, afin d’épargner aux autres de se fourvoyer à sa suite. Même alors, il est interdit de mentir et d’exagérer dans sa présentation des aspects négatifs.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

La mitsva de travestir la vérité pour préserver la paix

1 minutes à lire

La mitsva de travestir la vérité pour préserver la paix

Quand il y a conflit entre la vérité et la paix – par exemple dans le cas où, si l’on disait la vérité, on causerait un affront ou une querelle –, nos sages enseignent que la mitsva consiste à travestir la vérité pour préserver la paix. Nous trouvons ainsi, dans la Torah, que Dieu cacha la vérité en vertu de la paix : lorsqu’il fut annoncé à Sarah notre mère qu’elle donnerait naissance à un fils, elle rit en elle-même, en disant : « Après avoir flétri, serais-je redevenue jeuneb ? Et mon mari est âgé » (Gn 18, 12) ; mais quand l’Éternel raconta cela à Abraham, Il ne mentionna que ce qu’elle avait dit d’elle-même – d’après quoi elle était déjà arrivée à l’âge du flétrissement – et cacha la mention de la vieillesse d’Abraham. Car tout homme est susceptible d’être affecté, quand il apprend qu’il est vieux aux yeux de sa femme.

Si nous approfondissons la question, nous voyons qu’il n’y a pas de contradiction entre la valeur de la vérité et celle de la paix : la contradiction réside entre la vérité extérieure et la vérité intérieure. La vérité intérieure implique que les êtres humains veuillent vivre en paix les uns avec les autres ; car c’est un même Créateur qui les créa, et seules les complications du monde sèment entre eux la polémique et la querelle. Or la Torah a permis de préférer la vérité intérieure à la vérité extérieure. Cela, à la condition que, en travestissant la vérité, on ne cause pas de préjudice à son prochain. Mais si l’on sait, par exemple, que tel homme porte préjudice à son prochain, on a l’obligation de dire à celui-ci la vérité ; cela, afin que la victime du préjudice puisse se défendre et se préserver.

 

b C’est-à-dire : « Aurais-je de nouveau la possibilité d’enfanter ? »

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Reconnaissance

1 minutes à lire

Reconnaissance

C’est une mitsva que de méditer à tout le bien que les membres de notre famille et nos amis nous dispensent, que ce soit par l’aide qu’ils nous prodiguent, par leurs compliments et leurs encouragements ; et c’est une mitsva que de leur en être reconnaissant. Par l’expression de cette reconnaissance, nous exprimons notre compréhension de ce que leur bonne attitude à notre endroit ne va pas de soi, et qu’il convient de leur en savoir gré. Par cette reconnaissance, la bénédiction abonde ; car l’expression de la reconnaissance renforce la valeur de toutes les bonnes actions, de toutes les bonnes paroles, et encourage à persévérer dans le bien. L’ingrat, par contre, faute par orgueil et fait barrage à l’abondance de la bénédiction. De plus, il n’est jamais heureux, car toujours il estime qu’on ne le traite pas assez bien, qu’il mérite davantage. 

C’est une mitsva que d’exprimer sa reconnaissance, avec politesse et de bon cœur, également à des personnes étrangères, pour toute assistance ou bon geste. Même quand leur aide nous est donnée dans le cadre de leur travail – par exemple les caissiers, les vendeurs et les employés –, c’est une mitsva de les remercier, car il convient d’estimer toute personne pour le fait de remplir son rôle et d’aider son prochain.

- Les obligations de l’homme envers son prochain -

Être sensible à son prochain, afin de ne pas le peiner

1 minutes à lire

Être sensible à son prochain, afin de ne pas le peiner

C’est une mitsva pour chacun que d’être sensible à autrui, afin de ne pas lui causer de peine. On ne poussera pas autrui sur son chemin, on ne doublera pas autrui dans une file d’attente, on n’ouvrira pas la fenêtre par temps froid, quand son prochain risque d’en souffrir, etc. Comme l’a dit Hillel l’ancien, le principe de la Torah est : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais point qu’on te fît » (Chabbat 31a). Cela ne signifie pas qu’un homme qui ne souffre pas de telle chose, par exemple du bruit, est autorisé à en faire auprès des autres ! Le propos est de dire que, de même qu’il déteste certaines choses, qui le dérangent, de même doit-il s’abstenir de faire des choses qui dérangent les autres.

Par conséquent, au aura soin de ne pas être bruyant en présence de son prochain, cela en fonction du lieu où l’on se trouve, chaque lieu selon ce qui convient et est admis. Par exemple, à côté d’une personne qui a besoin de se concentrer dans son étude ou dans son travail, il faut avoir soin de ne pas faire entendre de sons même légers. Quand on se trouve dans son jardin, on doit s’abstenir de crier d’une façon qui oblige les voisins à l’entendre. De même, la nuit, aux heures où les gens dorment, on doit s’abstenir de parler fort, près de maisons et d’immeubles d’habitation, ou de conduire un véhicule de façon bruyante. Dans le même sens, on fera attention de ne pas jeter de déchets dans le domaine public. A fortiori ne déposera-t-on pas, dans le domaine public, des bris de verre ou autres choses susceptibles de porter préjudice aux passants.