- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

La faute du premier homme

2 minutes à lire

La faute du premier homme

« L’Éternel-Dieu donna ordre à l’homme en ces termes : “De tout arbre du jardin du mangeras ; mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras point, car du jour où tu en mangerais, tu mourrais » (Gn 2, 16-17). L’homme subsiste par ce qu’il assimile en lui-même, idées comme aliments. L’Éternel donna ordre à l’homme de manger et de tirer jouissance de tout arbre du jardin, parce que l’homme a la faculté d’en assimiler les fruits, d’en trier le bien et d’en rejeter le mal sans être emporté par ce dernier. Mais l’Éternel avertit l’homme de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, parce que, dans ce fruit, se trouvaient mêlés des facettes positives et négatives d’une telle puissance qu’il était au-dessus des forces humaines de trier le bien d’entre le mal. En manger, c’était pour l’homme s’exposer à ce que le mal que ce fruit contenait entrât dans son corps et dans son esprit, et entraînât sa mort. À ce propos, c’est là le fondement d’un conservatisme de bon aloi, qui prend garde de se laisser séduire par des idées nouvelles et dangereuses : quoiqu’elles puissent présenter des côtés positifs, le côté négatif qui est en elles risque de détruire les choses positives qu’offre la vie.

Mais l’homme fauta, mangea du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et fut sanctionné en étant chassé du jardin d’Éden, vers une terre qui fut maudite à cause de cette faute ; une terre telle que, pour y subsister, l’homme devrait se livrer à un rude travail, jusqu’à ce qu’il meure et que son corps retourne à la terre d’où il avait été pris. Ses enfants après lui, de génération en génération, devraient tirer le pain de la terre à la sueur de leur front ; et suivant un parcours exténuant, semé de crises, ils perfectionneraient le monde et le développeraient. Nous voyons que le propos de la sanction était d’amener l’homme à la destinée qui lui avait été affectée dès l’abord. Seulement, au lieu que cela se fît de manière facile et agréable, par un apprentissage autonome, c’est par un processus long, rempli d’épreuves et de dures souffrances, que cela se pourrait accomplir, épreuves et souffrances par lesquelles l’homme apprendrait à progresser. Cependant, une fois la réparation achevée, quand le mal se retournera en bien, l’humanité parviendra à un niveau supérieur à celui du premier homme au jardin d’Éden. Car le niveau des repentis (ba’alé techouva), qui transforment le mal en bien, est supérieur à celui des justes, qui se sont toujours abstenus du mal, et n’ont jamais exprimé que le parfait bien dans leur vie.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Le déluge et Noé

1 minutes à lire

Le déluge et Noé

Après l’expulsion du jardin d’Éden, les hommes commencèrent à apprendre à subsister sur la terre. Mais le mal qui était entré en l’homme s’accrut, submergeant le monde de fautes et d’injustice : meurtre, adultère, idolâtrie, et plus que tout, corruption et vol par les gens de pouvoir et les dignitaires, qui s’appropriaient toute bonne part. Ils exploitaient la nature au lieu de la développer. Ainsi l’humanité chuta progressivement, au point d’expirer presque. Et quand la terre fut pleine de violence, l’arrêt fut scellé, condamnant les hommes à être effacés de dessus la terre par le biais du Déluge. Seul Noé restait un juste intègre, parmi tous les hommes, plongés qu’ils étaient dans le péché. Lui n’était pas entraîné par la société mauvaise, mais continuait d’œuvrer à l’édification du monde, à labourer et à ensemencer. Aussi l’Éternel lui ordonna-t-il de construire une arche, par laquelle il se préserverait, lui, sa famille, et avec eux un mâle et une femelle de toutes les espèces sauvages et de tous les oiseaux, ainsi que sept couples de chaque espèce pure (c’est-à-dire de chaque espèce propre à l’alimentation).

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Noé et Abraham

1 minutes à lire

Noé et Abraham

Bien que Noé fût un juste intègre, qu’il maintînt sa droiture et se consacrât à l’édification du monde face à tous ses contemporains, qui étaient plongés dans la faute et avaient perverti le monde, il ne s’efforça pas de conduire au repentir les hommes de son temps. Il lui suffisait de se comporter lui-même avec diligence et savoir-vivre. Il se peut qu’il ait estimé, à juste raison, qu’il n’y avait aucune chance pour que ses contemporains se repentissent ; aussi préféra-t-il préserver sa propre intégrité, et offrir l’exemple d’une vie juste, d’une activité de droiture. Aussi son héritage consiste-t-il en savoir-vivre, en bonnes actions, en une attention au fait de ne pas détruire, de ne pas abîmer la Création ; mais sans qu’il y ait là de grande vision divine, d’effort constant pour parvenir à la réparation (tiqoun) du monde.

Face à cela, Abraham notre père, qui naquit dans la dixième génération après Noé, chercha de tout son être à rendre le monde meilleur et plus juste. Il vit le bien qui réside en l’homme, et voulut faire du bien à toutes les créatures ; même si elles fautaient, il s’efforçait de les éveiller au repentir, et de leur faire adopter la voie de la vérité et du bien. Il se dressa avec abnégation contre l’idolâtrie et la répression. Tel est l’héritage du peuple d’Israël, qui ne se suffit jamais d’une réparation partielle, mais œuvre constamment à une pleine réparation du monde. Cela commence par l’âme (néchama) que Dieu donna à Israël, âme qui œuvre pour l’attachement à Dieu, pour des idéaux et des valeurs divines, par lesquels on parachève le monde.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Abraham notre père et Sarah notre mère

3 minutes à lire

Abraham notre père et Sarah notre mère

Le peuple d’Israël descend de trois patriarches et de quatre matriarches : Abraham, Isaac, Jacob ; Sarah, Rébecca, Rachel et Léa. Rappelons de façon résumée leur héritage, et quelque peu l’histoire de leur vie. Les messagers de la foi (émouna) dans le monde furent Abraham notre père et Sarah notre mère, qui s’attachèrent à la foi en un Dieu un, et à la bienfaisance. Ils ouvrirent leur tente aux voyageurs, se portèrent au secours de leurs proches au temps de leur détresse, et rapprochèrent nombre d’hommes de la foi dans le Dieu unique. Cependant, notre mère Sarah était stérile, et de longues années durant, Abraham et Sarah n’eurent pas d’enfant. Ce fut une grande épreuve : les plus grands fidèles de Dieu n’obtenaient pas eux-mêmes ce qui est accordé à chacun presque. Et contrairement à l’usage en ces temps-là, Abraham notre père ne demanda pas à prendre une autre femme. L’Éternel se révéla à lui et lui dit :

« Regarde donc vers le ciel et compte les étoiles… Ainsi sera ta descendance. » Il crut en l’Éternel, et Il le lui imputa à justice » (Gn 15, 5-6).

De nombreuses années passèrent, et quand Sarah vit qu’elle n’enfantait toujours pas, elle donna à Abraham sa servante Hagar l’Égyptienne afin qu’elle conçoive pour elle et donne naissance à un enfant qui grandirait auprès d’elles deux. C’est ainsi que naquit Ismaël ; cependant l’espoir de Sarah, de voir Hagar continuer à se conduire respectueusement envers elle et d’élever son fils pour lui servir d’héritier, ne se réalisa pas.

Abraham et Sarah continuèrent leur chemin, enseignant la foi et la bienfaisance aux créatures. Entre-temps, il fut ordonné à Abraham de faire la berit-mila (circoncision). Après cela, le midi d’une chaude journée, l’Éternel leur envoya trois anges, dont l’apparence était celle de voyageurs. Abraham et Sarah, suivant leur habitude, leur servirent nourriture et boisson. Au cours du repas, l’un des invités se révéla en tant qu’ange et annonça que, l’année suivante, lui naîtrait un fils. Selon la tradition, le jour où les anges vinrent était le troisième jour après la circoncision d’Abraham, jour où ses douleurs s’étaient accrues ; et comme ce jour était particulièrement chaud, on se serait attendu à ce qu’Abraham fût couché dans sa tente. Or malgré tout, Abraham ne renonçait pas à la possibilité de recevoir des invités, qui, les jours chauds plus qu’aucun autre, demandaient à s’abriter sous sa tente.

Il resta donc assis à l’entrée de sa tente, et lorsqu’il vit les trois voyageurs, il courut à leur rencontre afin de les inviter ; puis il mérita de recevoir, ensemble avec Sarah, la bonne nouvelle. Après la naissance de leur fils Isaac, Ismaël commença à adopter une mauvaise conduite. Quand Sarah s’aperçut qu’il risquait de porter atteinte à son fils Isaac et de ruiner leur œuvre spirituelle, elle exigea le renvoi d’Ismaël avec sa mère Hagar, qui l’avait éduqué dans cette voie. Cette exigence affecta beaucoup Abraham, mais Dieu se révéla à lui et lui dit : « Ne sois pas contrarié au sujet du jeune homme et de ta servante ; en tout ce que te dira Sarah, écoute sa voix, car c’est en Isaac que sera énoncée ta descendance » (ibid. 21, 12-13). En cela, Sarah notre mère garantit la perpétuation de notre héritage.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

La ligature d’Isaac

2 minutes à lire

La ligature d’Isaac

« Il advint, après ces événements, que Dieu mit Abraham à l’épreuve… Et Il dit : “Prends donc ton fils, ton unique, que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Moria, et là, élève-le en holocauste sur une des montagnes que Je te dirai” » (Gn 22, 1-2). L’épreuve était terrible ; mais Abraham notre père s’attacha à sa foi en Dieu, et puisque l’ordre divin qu’il avait reçu prophétiquement était clair et résolu, il s’y soumit avec humilité. Et bien qu’il ne comprît pas pourquoi l’Éternel lui ordonnait cela, et en vertu de quel dessein, il se plia à l’ordre, car il savait qu’il provenait de l’Éternel, Créateur de l’univers, source de la vie, du bien, de la vérité, de la justice et de la morale. Abraham se leva de bon matin, emmena son fils unique au mont Moria ; et il l’avait déjà fait monter sur l’autel pour le sacrifier lorsque l’ange de Dieu l’appela du ciel et lui dit :

« Abraham ! Abraham ! (…) ne porte pas la main sur le jeune homme, et ne lui fais rien, car maintenant Je sais que tu crains Dieu, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique. (…) Je jure par Moi-même, discours de l’Éternel, que, parce que tu as fait cette chose et n’as pas épargné ton fils, ton unique, Je te bénirai et multiplierai assurément ta descendance, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer ; et ta descendance héritera de la porte de ses ennemis. Et tous les peuples de la terre se béniront par ta descendance, parce que tu as écouté ma voix » (ibid. 22, 11-12 ; 16-18).

Alors il apparut que, dès l’abord, Dieu n’avait pas eu l’intention de voir Abraham sacrifier son fils Isaac – comme le faisaient les serviteurs d’idoles alentour, qui sacrifiaient leurs enfants afin de se concilier leurs divinités – : la volonté divine était de dévoiler la puissance de la foi d’Abraham et d’Isaac, qui étaient prêts à sacrifier tout ce qui leur appartenait pour que fussent révélées la parole de Dieu et la bénédiction qu’Il destinait au monde. Plus tard, la Présence divine devait résider sur le lieu de la ligature, au mont Moria : les enfants d’Israël y bâtirent le Temple. Pour les siècles des siècles, la ligature d’Isaac devint le symbole de la foi, de l’abnégation pour la sanctification du nom divin et pour le dévoilement dans le monde de l’émouna et de la morale divines.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Isaac notre père et Rébecca notre mère

3 minutes à lire

Isaac notre père et Rébecca notre mère

Le défi qui se présentait à Isaac notre père était de poursuivre l’héritage de son illustre père, qui avait révélé la lumière de la foi dans le monde. Il est parfois plus facile de frayer un chemin que d’y persévérer. Isaac notre père y persévéra, avec fidélité et bravoure. Un fait caractéristique de la vie d’Isaac est qu’il est le seul d’entre les patriarches à être né sur la terre d’Israël et à ne l’avoir jamais quittée. Pendant la famine même, lorsqu’il se proposa de descendre en Égypte (comme l’avait fait son père), Dieu se révéla à lui et lui donna pour instruction de rester dans le pays. Dans le travail agricole, il était assidu et réussissait ; il eut même soin de creuser à nouveau les puits d’eau qu’avait creusés son père et que les Philistins avaient obturés.

Le récit de la recherche d’une femme pour Isaac caractérise la tradition de bienfaisance propre à la maison d’Abraham et de Sarah. Eliézer, serviteur d’Abraham, voulut éprouver la « candidate » capable de convenir à Isaac, en se tenant près de la source, à son arrivée à Haran, et en demandant aux jeunes filles qui viendraient au puits de lui servir un peu d’eau : celle qui répondrait à sa demande et qui lui proposerait même d’abreuver ses chameaux, de sa propre initiative, serait celle qui conviendrait. L’Éternel conduisit Rébecca, de la famille d’Abraham, à sortir à la rencontre d’Eliézer ; or quand celui-ci lui eut demandé un peu d’eau, Rébecca se hâta de lui en donner. Grâce à sa diligence et à son bon cœur, elle se pressa d’aller puiser de l’eau en grande quantité, jusqu’à ce qu’elle eût achevé d’abreuver tous les chameaux assoiffés.

Rébecca notre mère, elle aussi, était stérile ; après des années de prière, elle fut exaucée en donnant naissance à des jumeaux, Esaü et Jacob. Les voies de ces deux fils se séparèrent : Jacob était un homme intègrea, habitant les tentesb, Esaü un homme des champs et de la chasse, prêt à tuer pour arriver à ses fins. Quand Jacob vit qu’Esaü n’était pas digne de perpétuer l’héritage de leur famille,  et qu’il méprisait son rôle de premier-né, destiné à poursuivre la tradition de la foi, il lui racheta son droit d’aînesse contre un plat de lentilles.

Quand Isaac eut vieilli, que sa vue eut baissé, il voulut bénir son fils aîné. Cependant, Rébecca, qui connaissait les actions d’Esaü, savait que ce dernier ne convenait pas à la poursuite de l’héritage familial ; elle ordonna donc à son fils Jacob de se déguiser en Esaü, afin de recevoir la bénédiction à sa place. Ainsi fut fait : Isaac bénit Jacob ; et quand il eut compris son erreur, il ne revint pas sur ses paroles, mais accepta que la bénédiction s’appliquât à Jacob. À ce qu’il semble, il savait lui-même quels étaient les méfaits d’Esaü ; mais il pensait que, puisque c’était le premier-né, il avait l’obligation de le bénir. Et quand il eut compris que, par erreur, il avait béni Jacob, et que, dès avant, Esaü avait vendu son droit d’aînesse à celui-ci, il fut satisfait de voir que Dieu avait agencé les événements de manière que la bénédiction parvînt à Jacob.

 

a Le verset dit tam, litt. « simple », mot de même racine que tamim, « intègre ».

b Ohalim. Selon la traduction d’Onqelos, il est fait ici allusion aux maisons d’étude.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Jacob notre père

1 minutes à lire

Jacob notre père

Lorsque Rébecca notre mère comprit que son fils Esaü projetait de tuer Jacob pour avoir pris sa bénédiction, elle eut soin d’envoyer Jacob dans sa famille à Haran, afin qu’il y trouvât une épouse, avant de revenir, le moment venu. Elle demanda même à Isaac de le bénir ; et Isaac lui octroya la bénédiction d’Abraham : croître, multiplier et hériter du pays.

Quand Jacob notre père se rendit à Haran, il y trouva Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et il l’aima. Pour pouvoir l’épouser, il accepta l’exigence de Laban de travailler dans son domaine pendant sept années. À la fin de ces sept années, la nuit des noces, Laban remplaça Rachel par sa fille aînée, Léa. Au matin, Jacob se rendit compte que c’était avec Léa qu’il s’était marié. Lorsqu’il s’irrita de cela face à Laban, celui-ci lui proposa d’épouser également Rachel, contre l’engagement de travailler pour lui sept autres années. Laban était en position de force ; en cas de besoin, il était prêt à supprimer ceux qui se trouvaient en travers de son chemin. C’est ainsi que Jacob fut contraint de travailler sept autres années. Après qu’il eut achevé ses années de travail pour ses femmes, il travailla chez Laban six années supplémentaires, en tant qu’associé, afin de se constituer un patrimoine à l’approche de son retour en terre de Canaan. Bien que Laban trompât Jacob à plusieurs reprises, au cours de ces vingt années continues au cours desquelles il travailla assidument, Jacob conduisit le troupeau avec loyauté – par les chaudes journées d’été comme par les froides journées d’hiver – ; grâce à ce mérite, l’Éternel le protégea et bénit son travail.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Nos matriarches Rachel et Léa, et les tribus d’Israël

4 minutes à lire

Nos matriarches Rachel et Léa, et les tribus d’Israël

Notre mère Léa aima beaucoup Jacob et mérita de lui donner six fils, Ruben, Simon, Lévi, Juda, Issachar et Zévouloun, ainsi qu’une fille nommée Dina. Notre mère Rachel, qui était la femme préférée de Jacob, fut stérile de nombreuses années durant. Quand elle eut désespéré d’enfanter, elle donna à Jacob sa servante Bila, afin de mériter, par son biais, d’avoir aussi des enfants. C’est ainsi que naquirent Dan et Naphtali. Léa, elle aussi, suivit cet exemple et donna à Jacob sa servante Zilpa, de qui naquirent deux fils : Gad et Acher. Finalement, Rachel eut le mérite de donner naissance à son tour à deux fils : Joseph et Benjamin. Cependant, elle mourut en enfantant Benjamin. Ce sont là les douze fils de Jacob, dont chacun est l’ancêtre d’une tribu d’Israël.

Quand Jacob notre père retourna en terre de Canaan, il lutta avec un ange et reçut le nom d’Israël ; et c’est ce nom que reçut notre peuple. La personnalité de Rachel et de Léa donna lieu à de nombreuses études, de nombreux commentaires existent quant aux qualités de leurs enfants, dont chacun perpétua, à sa manière, leurs personnalités particulières.

Une grande tension apparut entre les fils adultes de Léa et Joseph, le brillant fils de Rachel, qui était particulièrement aimé de Jacob leur père. Les frères de Joseph pensèrent que, à la manière d’Ismaël et d’Esaü à l’égard d’Abraham et d’Isaac, Joseph ne pourrait s’associer convenablement à la tradition de leur père Jacob. Ils le vendirent comme esclave en Égypte. À leur père, ils racontèrent qu’il avait été tué par une bête sauvage. La douleur de Jacob pour la perte de Joseph, son fils bien aimé et si doué, orphelin de Rachel, sa femme affectionnée, ne connaissait point de limite. Par des chemins sinueux et longs, Joseph l’esclave fut présenté à Pharaon, roi d’Égypte, et élucida les rêves que celui-ci avait faits. Ce faisant, Joseph sauva le royaume d’Égypte de la famine. C’est ainsi que Joseph fut élevé au rang de vice-roi d’Égypte. En raison de la famine, les frères de Joseph descendirent en Égypte pour y acheter de la nourriture. Là, Joseph les mit à l’épreuve, sans se révéler à eux ; ils exprimèrent, dans leur détresse, le regret d’avoir vendu Joseph leur frère. Quand Joseph constata leur repentir, il éclata en sanglots, se révéla à eux et les pardonna de l’avoir vendu. Il leur demanda d’informer Jacob, son père, qu’il était en vie, et qu’il servait comme vice-roi en Égypte. Suite à ces événements, toute la famille de Jacob descendit en Égypte.

Jacob notre père traversa dans sa vie des difficultés et des épreuves : sa lutte avec son frère Ésaü, les complications de ses noces, en raison de la tromperie de Laban, la mort de Rachel à la naissance de Benjamin, les peines liées au fait d’élever et d’éduquer ses enfants, peines dont le terrible sommet fut le conflit des frères avec Joseph, qui conduisit à sa vente comme esclave. Cependant, grâce à son attachement à Dieu et à la force de sa foi, toutes les fautes furent finalement réparées, ses enfants retrouvèrent leur unité, et tous ensemble, sans exception, se tinrent autour de son lit au moment où il quitta ce monde ; ils reçurent son testament : s’attacher à la tradition de ses pères.

Selon la tradition juive, lorsque Jacob, avant sa mort, s’inquiéta de savoir si quelqu’un de ses fils ne risquerait pas de quitter la voie de la foi, ses douze fils déclarèrent ensemble : « Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un » (Chéma’ Israël, Ado-naï Elo-hénou, Ado-naï é’had). En d’autres termes : « Notre père Israël, ôte toute inquiétude de ton cœur, l’Éternel ton Dieu est notre Dieu ; il est un, et il n’en est pas d’autre. » Grâce à cela, l’esprit de Jacob s’apaisa, et il leur répondit : « Béni soit le nom de Celui dont le règne glorieux est éternel » (baroukh chem kevod malkhouto lé’olam va’ed).

Ses dernières paroles furent pour demander à ses fils de faire revenir son corps en terre d’Israël, au tombeau de ses aïeux, dans la grotte de Makhpéla, qui est à Hébron. L’enterrement de Jacob marqua la dernière visite de ses fils sur la terre d’Israël avant que ne commençassent les dures années de la servitude égyptienne.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

La traversée de la mer rouge

1 minutes à lire

La traversée de la mer rouge

Après que les Égyptiens se furent soumis et eurent accepté de laisser partir les enfants d’Israël d’Égypte, l’Éternel endurcit leur cœur, de façon que seuls ceux qui souhaitaient véritablement faire repentance acceptassent de libérer Israël, et que, dans le cas contraire, ils se remplissent de témérité et voulussent à nouveau asservir Israël. C’est ainsi que les Égyptiens, avec toute leur armée, se mirent à la poursuite des enfants d’Israël et les atteignirent près de la mer Rouge. Lorsque les Hébreux virent les Égyptiens, ils crièrent vers l’Éternel. Et l’Éternel répondit : au lieu de l’appeler au secours, il leur fallait se sauver en entrant dans la mer. Après qu’Israël, sous la conduite de Moïse notre maître, eut commencé d’entrer dans la mer, le grand miracle eut lieu : la mer se divisa, et les enfants d’Israël y passèrent à pied sec, tandis que l’armée égyptienne les poursuivait. Lorsque les derniers Hébreux furent sortis de la mer, celle-ci reflua, et toutes les légions d’Égypte furent submergées.

Aux temps ordinaires, le miracle n’est pas une chose souhaitable : Dieu a créé la nature avec ses lois, afin que l’homme, par ses capacités, apprenne à les utiliser de la meilleure façon. Cependant, pour révéler au monde les fondements de la foi, la puissance du Créateur, sa providence et la protection qu’il accorde au monde, Dieu frappa l’Égypte par le biais des dix plaies, puis, après la sortie d’Égypte, divisa les eaux de la mer Rouge et y fit passer ses enfants.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

La révélation du Sinaï

2 minutes à lire

La révélation du Sinaï

Après qu’Israël eut accepté de recevoir la Torah, eut lieu le plus grand, le plus merveilleux événement qui marquât l’histoire du monde, événement au cours duquel tout un peuple, debout, entendit la voix de Dieu qui lui parlait.

Il y eut des voix, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, et le son du chofar était très puissant, et tout le peuple qui était dans le camp frémit. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu, depuis le camp, et ils se tinrent au pied de la montagne. Et le mont Sinaï était tout en feu, parce que l’Éternel y était descendu dans le feu, et sa fumée montait comme la fumée de la fournaise, et toute la montagne frémissait fort. Et le son du chofar allait en s’intensifiant fortement ; Moïse parlait et Dieu lui répondait à haute voix. Et l’Éternel descendit sur le mont Sinaï, au sommet de la montagne. (…) Et Dieu prononça toutes ces paroles, en ces termes… (ibid. 19, 16 – 20, 1).

Alors les dix commandements furent donnés à Israël. Cette révélation fut redoutable et sublime, au point que les enfants d’Israël craignirent d’être sur le point de mourir. Il est dit ainsi :

Et tout le peuple vit les voix, les torches, le son du chofar et la montagne fumante ; le peuple vit, et il recula, et il se tint de loin. Ils dirent à Moïse : « Parle-nous toi-même, et nous entendrons, et que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions » (ibid. 20, 18-19).

Moïse tranquillisa le peuple et expliqua que cet événement sublime était destinée à élever les enfants d’Israël, à implanter en eux la foi, afin qu’ils pussent surmonter le penchant au mal et ne point fauter (ibid. verset 20).

Lors de la révélation du Sinaï, fut également dévoilé le degré de prophétie de Moïse notre maître, degré qui s’élève au-delà de tous les prophètes passés et à venir. C’est lui qui fut choisi pour recevoir la Torah de Dieu et pour la transmettre à Israël. Après la révélation sinaïtique, Moïse resta quarante jours sur la montagne et y reçut de l’Éternel les tables d’alliance, où étaient inscrits les dix commandements, ainsi que les principes essentiels de toute la Torah. Par la suite également, pendant les quarante années des pérégrinations d’Israël dans le désert, Moïse notre maître continua de recevoir des parties de la Torah de la part de Dieu, jusqu’à l’achèvement du texte par le récit de la mort de Moïse.

- Vision d’Israël - Vision d’Israël -

Les dix commandements prononcés lors de la révélation sinaïtique

4 minutes à lire

Les dix commandements prononcés lors de la révélation sinaïtique

Étant donnée la grande importance des dix commandements (Ex 20, 2-13), nous les citerons littéralement, en y ajoutant de brèves explications :

1) Je suis l’Éternel ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison de servitude.

La foi s’apprend par le récit de la révélation de Dieu à Israël.

2) Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras point de statue, ni aucune image de ce qui est dans les cieux en haut, sur la terre en bas, ni dans les eaux, au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles et ne les serviras point, car Je suis l’Éternel ton Dieu, un Dieu jaloux, qui poursuis la faute des pères sur les fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, pour ceux qui me haïssent ; et qui prodigue sa bienfaisance à la millième, pour ceux qui m’aiment et gardent mes commandements.

(Sur la mitsva de la foi, émouna, et l’interdit de l’idolâtrie, cf. ci-après, chap. 15, en particuliers § 6-7 et 13).

3) Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel ton Dieu en vain, car l’Éternel ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom en vain.

Dans la continuité des deux premiers commandements, qui traitent de la foi en Dieu et de l’interdit de l’idolâtrie, cette mitsva a pour but de fonder une attitude de respect envers Dieu, ce qui suppose de ne pas mentionner vainement son nom, en particulier dans le cadre d’un serment.

4) Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. Six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le Chabbat en l’honneur de l’Éternel ton Dieu ; tu n’accompliras aucun ouvrage, toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante ni ta bête, ni le prosélyte qui est en tes portes. Car en six jours l’Éternel fit les cieux et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et il se reposa le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel bénit le jour du Chabbat et le sanctifia.

La foi en Dieu se révèle dans toutes les dimensions, parmi lesquelles la dimension du temps. Le jour du Chabbat est celui où il nous est ordonné de cesser toute œuvre servile, d’approfondir les fondements de la foi et de nous adonner à l’étude de la Torah, dans le repos et les délices (sur la mitsva du Chabbat, cf. ci-après, chap. 26 à 28).

5) Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel ton Dieu te donne.

Dans le prolongement de la mitsva d’honorer Dieu, il nous est ordonné d’honorer nos parents. Le principe moral de la gratitude est fondamental ; quand on le respecte à l’égard de ses parents, on a tendance à le respecter envers toute personne ; et par-dessus tout envers le Créateur (sur cette mitsva, cf. ci-après, chap. 12).

6) Tu ne tueras point.

Par ce commandement, nous apprenons la sainteté de la vie de l’homme, créé à l’image de Dieu. C’est en vertu de cette sainteté qu’il est interdit de porter atteinte à la vie humaine. De ce principe découlent de nombreuses mitsvot, destinées à protéger et à maintenir la vie (sur cette mitsva, cf. chap. 4).

7) Tu ne commettras point d’adultère.

Cette mitsva a pour but d’empêcher les atteintes à la sainteté de l’alliance qu’est le mariage (sur cette mitsva et celles qui lui sont connexes, cf. chap. 8-11).

8) Tu ne voleras point.

La valeur de l’homme se reflète également dans le respect de son travail et de ses créations. Aussi est-il interdit de voler des biens qui appartiennent à son prochain ; à plus forte raison est-il interdit de kidnapper une personne et de la réduire en esclavage. En plus du dommage causé à l’individu particulier qui en est victime, le vol sape les bases de la société, porte atteinte à la volonté des gens de travailler et de créer, et conduit la société à la pauvreté et à la pénurie (cf. chap. 3 et 5).

9) Tu ne porteras pas contre ton prochain de faux témoignage.

C’est l’interdit du faux témoignage devant un tribunal. Ce commandement, comme d’autres dans la Torah, a pour but de consolider l’appareil judiciaire et de lui permettre de rendre de justes arrêts (cf. chap. 7).

10) Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, sa servante, son bœuf, son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain.

L’avidité et la convoitise sont la source des fautes commises entre l’homme et son prochain. Aussi la Torah ordonne-t-elle de réfréner ce penchant dès l’abord, quand il en est encore à la simple étape de la convoitise (cf. chap. 3 § 33).